Cela arrive à tant de femmes pendant leurs règles : vous vivez votre vie jusqu’à ce que vous réalisiez que vous venez d’avoir vos règles. La course effrénée pour trouver des toilettes et la prière fervente pour avoir emporté un produit hygiénique vous laissent un sentiment d’anxiété, de vulnérabilité et d’exposition. Cette situation est aggravée par le fait que notre société stigmatise les menstruations ou tout ce qui a trait à l’utérus est un tabou.
Des millions de femmes vivant dans la pauvreté en France et qui ne peuvent pas se payer des produits d’hygiène menstruelle, un problème connu sous le nom de « pauvreté des règles ». Une étude a démontré que 64 % des femmes ont déclaré avoir déjà eu des difficultés à se procurer des produits menstruels, tels que des serviettes, des tampons ou des produits réutilisables comme les coupes menstruelles. Et 21 % ont déclaré qu’elles n’étaient pas en mesure de se procurer ces produits chaque mois. Les personnes sans abri ou incarcérées courent un risque particulièrement élevé de ne pas avoir accès à des produits d’hygiène menstruelle adéquats.
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Pourquoi les produits d’hygiène menstruelle sont-ils un luxe ?
Avoir ses règles est un fait fondamental de l’existence humaine. Les produits d’hygiène menstruelle sont des nécessités, pas des produits de luxe, et devraient être traités comme tels. Malheureusement, les coupons alimentaires et les subventions de certains programmes politiques français qui aident à faire les courses ne couvrent pas les produits menstruels.
Des patientes m’ont dit qu’elles utilisaient du papier hygiénique ou des serviettes en papier au lieu de serviettes ou de tampons parce qu’elles n’avaient pas les moyens de se procurer des produits menstruels. Les personnes ayant des règles abondantes nécessitant des changements fréquents de ces produits sont particulièrement confrontées à des difficultés financières, car elles doivent acheter encore plus de serviettes ou de tampons que la femme moyenne. Si elles essaient de prolonger la durée de vie des produits en les utilisant pendant plusieurs heures d’affilée, elles risquent de souffrir d’irritations vulvaires et de malaises vaginaux. Elles peuvent également être plus exposées au syndrome du choc toxique, une infection potentiellement mortelle.
Pourquoi est-il important de parler de la stigmatisation des règles ?
Nous devons aborder la stigmatisation des règles afin de comprendre et de résoudre les problèmes d’accès aux produits d’hygiène menstruelle. La pauvreté liée aux règles est réelle. L’équité en matière de règles devrait l’être aussi. La gêne ou les tabous peuvent empêcher les gens de défendre leurs intérêts, mais si cette stigmatisation est supprimée ou même atténuée en discutant de ces questions nous pouvons, en tant que société, avancer pour répondre aux besoins de la moitié de notre population. Il n’y a pas d’équité lorsque la moitié de la population supporte la détresse financière et physique résultant du cycle de reproduction nécessaire à la survie de l’humanité.
Comment pouvons-nous aborder la pauvreté vis à vis des règles ?
Il existe des solutions simples à la pauvreté des règles. La première est de supprimer la taxe sur les produits menstruels. Pensez-y : tout comme la nourriture, une nécessité pour nous tous, n’est pas taxée, les produits menstruels ne devraient pas l’être. Les produits réutilisables, tels que les coupes menstruelles ou les sous-vêtements, devraient être subventionnés et leur utilisation encouragée, afin d’éliminer l’excès de déchets provenant des serviettes et tampons emballés individuellement. Si ces produits font l’objet d’une publicité, d’une promotion et sont abordables, les femmes seront plus nombreuses à les choisir. Les serviettes et les tampons devraient être disponibles gratuitement dans les écoles et les bâtiments administratifs.
Enfin, vous pouvez agir : écrivez ou appelez vos législateurs ! Nous vivons dans l’un des pays les plus riches du monde, et le manque de produits d’hygiène menstruelle ne devrait jamais avoir d’impact sur la capacité d’une personne à travailler ou à aller à l’école. Il est temps d’arrêter de traiter les personnes ayant un utérus comme des citoyens de seconde zone.